lundi 21 mai 2012

Endwar, ou du temps que je vais gagner

Oui, c'était le dernier bouquin sur ma liste des fictions d'anticipation traitant ou incluant une Europe Unie ou Fédérale. Je l'ai acheté pour une bouchée de pain, et je l'avais gardé pour la fin, parce qu'entre lui et moi, c'était presque personnel. Finalement, contre toute attente, je vais probablement pas le lire. Lui ? C'est bien sûr "Tom Clancy's Endwar".

Ah, j'en entends qui ricanent à la mention de "Tom Clancy's ...". Et ils ont bien raison. Avant d'aller plus en détail sur le pourquoi je ne compte plus le lire (ou pas avant un long moment) et pourquoi c'était pourtant si important pour moi, je souhaite dire deux mots sur les licences Tom Clancy pour ceux qui ne sont pas familier du monsieur. Tom Clancy a écris de super bons bouquins, parait-il, en tout cas j'ai adoré A la Poursuite d’Octobre Rouge. Sa spécialité c’est la géopolitique et le matos. Oh, il aime le matos. Il va vous décrire dans le moindre détail, jusqu'au moindre boulon, comment fonctionne tel type d'hélicoptère afin d'expliquer avec la précision d'un horloger comment un accident technique va le plonger dans l'océan et tuer un messager dont TOUT LE MONDE SE FOUT, non, vraiment, tout le monde. Et pareil pour les armes, les jumelles, les satellites, etc. etc.. Dois-je préciser que c'est d'une lourdeur abominable et que ça casse toute tentative de rythme ? En dehors de ça, ses histoires sont cool. Seulement voilà, le temps passant et l'argent entrant, il fait comme beaucoup, il créé des licences dont il se contente d'esquisser les scénarios et empoche le blé. Les bouquins sont écris par d'autres qui ont à peine le droit de voir leur nom sur la couverture après moult "Tom Clancy". A un point qui frôle le ridicule, jugez plutôt :

Jetez un bref coup d’œil et dites-moi qui semble être l'auteur de ce roman.
Rien que sur la couverture, on a trois fois le nom "Tom Clancy", y compris dans les caractères les plus gros. Plus gros, même, que le titre du bouquin ! En regardant bien, on se rend compte qu'on lit "Tom Clancy's Tom Clancy's Endwar". WTF ?? La tranche est encore plus insidieuse, le nom de l'auteur réel, David Michaels, apparaît en petit quand Clancy a droit à une fois son nom en énorme (un tiers de la tranche) et encore une fois à la même taille que l'auteur. Quant au dos :

Un blogueur anglophone a pris cette photo parce qu'il était choqué que le jeu soit qualifié de best-seller sur la couv alors que, à la sortie du livre, le jeu n'était pas encore en vente. On se marre déjà, hein ? (surtout quand on sait que le jeu a fait un four, niaha) Mais rien qu'en prenant cette petite photo, on a droit à encore deux fois le nom Clancy ! David Michaels, lui, n'a même pas droit de figurer au dos.

Reprenons : Clancy voit son nom trois fois sur la couverture, deux fois sur la tranche et deux fois au dos, pour un total de 7 fois, quand l'auteur réel est mentionné... deux fois.

Bon, voilà, je crois qu'on a compris ou je voulais en venir. Maintenant que j'ai bavé sur la licence Clancy, passons aux raisons qui me poussaient à vouloir le lire, et celles qui m'en découragent.

Endwar... une troisième guerre mondiale en Europe engageant une Fédération Européenne dotée d'une seule armée contre la Russie dans un conflit futuriste, nouvelles technologies mais pas trop, combats urbains, tactique, pseudo-nukes - mais pas nukes ! - bref, quand j'ai vu la bande-annonce du jeu aux graphismes superbes (à l'époque ça claquait), j'ai eu peur, je l'avoue. J'étais persuadé que tout le monde allait adorer et me dire par la suite, en jetant un œil perplexe à Pax EU "Mais t'aurais pas un peu pompé sur Endwar ?". J'avais peur que mes textes aient soudain l'air de bêtes fan-fictions ou pire, de plagiat mal déguisé. Et puis les designs étaient cool, et puis et puis et puis..... Ce fut le drame, pendant quelques mois, je m'imaginais d'interminables "mais j'avais écris ça avant !" et les inévitables "mais oui, mais oui".

Et puis non. Le jeu fut un échec, la licence papier a fait un four, elle aussi (deux romans publiés en tout et pour tout, on est loin des Splinter Cell, OP Center ou Net Force...). En fait, aujourd'hui, presque tout le monde a oublié Endwar. Mais lorsque j'en suis venu à dresser une liste des fictions traitant d'une Europe Fédérale, mon vieux démon a resurgi. Enfin, le livre est arrivé et là, j'ai compris que je n'avais aucun regret à avoir : Le jeu a beau se dérouler en Europe et aux US, le livre se moque de la Fédération Européenne. Complètement.

L'intrigue n'a pratiquement pas besoin d'elle et un simple regard à la table des personnages donne tout de suite le ton. Nombre de personnages américains : 39. Nombre de personnages russes : 10. Nombres de personnages européens :... 3 ? La Fédération Européenne, je ne sais pas ce qu'il en est dans le jeu, mais ce roman semble l'éviter. J'ai donc cherché des résumés pour éviter de perdre mon temps et oui, on nous promet une confrontation FE vs US, mais tout se passe côté US et la confrontation est évitée de justesse, c'était un complot russe, haha, quelles canailles ces russkoffs, et au final on est de nouveau potes. Mais ça se passe aux US / Canada, et on se fout de l'Europe comme de l'an 40.

J'ai quand même tenté le coup, sait-on jamais, mais je me suis alors heurté au style. Désolé, monsieur Michaels, mais vous êtes indigeste. Il veut faire du Clancy - qui est déjà assez pesant par moment - mais il ne parvient qu'à être lourdingue et sans saveur. J'ai lu quoi, une trentaine de pages, et je me fais déjà chier comme un rat mort.

Résumons donc : Aucun intérêt scénaristique ou thématique, un style imbuvable... Pourquoi me donner la peine de m'infliger Endwar ? La présence d'une Fédération Européenne n'est qu'un prétexte pour avoir un troisième camp jouable dans le jeu vidéo et n'apporte rien à une possible réflexion ou un point de vue européen du conflit (s'il avait développé une galerie de persos de la Fédération, j'aurais persévéré, mais là quoi, trois personnages en tout et pour tout ?) J'ai donc décidé de laisser tomber, tout simplement. Endwar, cette anticipation qui m'avait tant "menacé" dans mon projet, s'avère finalement un pétard mouillé. Toutefois, je tiens quand même à remercier le jeu qui aura apporté avec lui quelques artworks bien sympathiques qui me feront toujours plaisir, même si l'histoire elle-même n'a rien à m'offrir.

Soldats de l'Enforcer Corps, l'armée européenne dans Endwar.

Paris s'en prend plein la gueule.
Si je pouvais avoir des illustrations comme ça... *rêve* Notons le drapeau européen flottant au vent derrière le blindé, ce genre de mise en scène est assez rare et colle tout à fait à l'esprit Pax EU.

2 commentaires:

Nico a dit…

Tom et ses interminables descriptions...il a quelques imitateurs. Un jour, j'étais tombé sur un roman mystico-ésotérique (vous savez comme j'aaiiiime ces livres...) et en le feuilletant, je me suis retrouvé nez-à-nez avec deux pages d'explications techniques et historiques sur un...hélicoptère de combat, qui était utilisé pour se déplacer. Ca ne sert à rien, mais ça prend deux pages. Ou comment faire croire qu'on sait des choses.

Florent Lenhardt a dit…

Oui, c'est pousser le principe de culture-confiture un peu trop loin... D'ailleurs, Tom écris également des guides plus techniques sur l'US Army, je suis prêt à parier qu'il se copie-colle lui-même sur les passages techniques, hop, ni vu ni connu, je te remplis mon nouveau roman avec une fiche technique de mon dernier guide !