dimanche 29 avril 2012

De Mouvement Athée, ou comment la religion s’est finalement glissée dans Pax Europæ


Un petit message complémentaire suite à ma critique de l’Ange de l’Abîme de Pierre Bordage.

Dans la présentation de l’univers que j'avais écrite pour feu mon site-web, on pouvait lire cette phrase a priori anodine : « J’ai aboli la religion, d’une part parce que c’est un sujet dont je ne me pense pas encore prêt à développer, d’autre part parce que cela me donnait l’occasion de simplifier le contexte et donc d’éviter de me perdre dans ma démarche de réflexion. » Hé bien cette phrase, il a fallu la changer. Déjà parce qu'elle était grammaticalement bancale, mais surtout parce que j'ai fini par mettre les pieds dans le plat.

La religion a très longtemps été ignorée dans Pax EU, ou plutôt isolée, presque en quarantaine. En commençant à écrire, comme tous les ados de 16 ans j’avais des idées sur plein de choses et me sentais prêt à les coucher sur papier, mais la religion était un sujet par trop sensible, encore. Les années ont passé, les thèmes politiques et sociaux se sont affinés, durcis, noircis pour certains, mais approfondis, ça c’est certain. Et petit à petit, l’air de rien, ce thème tabou, cet inconfortable point Godwin, a fini par se glisser dans mes thématiques, à se poser comme un élément du background pour finir en élément quasi-central. Pas la religion en tant que tel, mais par réversion, comme souvent, à travers cette philosophie ultra-laïque et au final totalement anti-religieuse : Mouvement Athée. Prônant l’abolition des cultes et des croyances mystiques de tous bords, MA les rend responsables des conflits, guerres et divisions qui ont ensanglanté l’Histoire de l’Humanité. Pour vivre en paix, il faut s’en débarrasser. Et Mouvement Athée va s’y employer avec une minutie qui n’aura rien à envier aux fanatiques de sa Némésis.

Respect et tolérance face au fanatisme !
Pour résumer sans entrer trop dans les détails – vous avez peut-être envie de découvrir les détails par vous-même en lisant les textes ? – la thématique centrale de Mouvement Athée est de replacer nos erreurs dans un cadre humain et non institutionnel. Je voulais revenir à une idée essentielle de mes textes, à savoir que le bon et l’innommable de l’être humain proviennent de son humanité, et sont donc totalement de l’ordre de l’individuel, l’effet de groupe n’agissant qu’à l’instar d’un catalyseur. Pierre Bordage assène dans L’Ange de l’Abîme que l’homme est intrinsèquement bon, mais facilement corrompu par des facteurs extérieurs (politique, religion…), thématique biblique s’il en est – c’était un peu son but de se lancer dans une réécriture d’évangile, soit. Je refuse cela. L’homme n’est pas originellement bon, et la religion n’est pas ce qui lui fait commettre massacre et autres joyeusetés sanguinolentes, mais bien au contraire, l’homme est profondément capable du bon et du mauvais et s’invente l’excuse convenant au lieu et au moment pour arriver à ses fins – bonnes ou mauvaises. Religion et politiques en sont de bons exemples. Ce sont donc des outils au service de la nature humaine, et en supprimant l’aspect religieux du conflit mondial de 2033-34, je veux permettre d’explorer cette voie.

"Je me sens déjà meilleur, si, si !"
Mouvement Athée est la concrétisation d’une philosophie rampante, intolérante, qu’on peut déjà lire ou entendre autour de nous aujourd’hui. Une philosophie qui répond à un extrémisme religieux par un fanatisme pragmatique et scientifique ne laissant aucune place au doute, au questionnement, refuse le croyant comme on rejette un « infidèle » ou un « païen ». La religion de la raison scientifique versus l'obscurantisme obsolète et rétrograde. La racine de cette philosophie est la même que celle des islamistes ou des hystériques chrétiens de certaines églises américaines : Il faut un responsable de la décadence et des maux de la société, un Ennemi. Mais c’est également la racine de certaines mouvances politiques, de certains camarades de classe, de certains supporters d’équipes sportives… Ce besoin de blâmer un autre, ce bouc-émissaire, est universel, et ne dépend ni d’une foi, ni d’une couleur de peau ou d’une carte de membre. Il est humain, et c’est du côté de ces pulsions-là que le lecteur ira chercher les origines des conflits dans Pax Europæ. Dans le besoin d’avoir raison, de voir l’autre avoir tort, dans cette foi en ses convictions et l’aveuglement auquel il conduit. L’une de citations les plus redondantes dans tous les textes est celle de Jean de la Varende disant que « Le plus dur n’est pas de faire son devoir mais de savoir où il se place ». Tous les personnages sont convaincus d’être dans le vrai, le juste, le bon, et sont prêts à tout pour faire triompher le vrai, le juste et le bon. Nous en faisons tous autant, au quotidien, certains allant plus loin que d’autres. Nous peinons tous à admettre nos erreurs, mais c’est humain. Les erreurs peuvent être collectives, mais leurs racines sont personnelles. Mouvement Athée retire aux Grands Blocs de mon univers l’excuse religieuse, ce fanatisme irrationnel, relique barbare des temps passés qui n’a cessé de nous diviser. Sont-ils pour autant entrés dans une ère de paix et de prospérité ?

Non. Car nous avons encore plein d’autres excuses.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Un peu mon ressenti aussi, surtout après les attentats de Charlie hebdo et la déferlante de scientisme athée qu'il y a eu sur la blogosphère scientifique. Je crains que ce soit une mauvaise idée que de vouloir persécuter au nom des sciences et de l'athéisme tout autre courant de pensée, ce n'est pas vraiment progresser en avant que de créer de nouveaux dogmes au nom de la science. Si c'est pour reproduire à l'inverse les mêmes erreurs...

Florent Lenhardt a dit…

Tout à fait, et c'est devenu un thème important de l'univers. Le fanatisme et l'extrémisme portent bien des habits, et c'est toute la problématique de Mouvement Athée.