vendredi 30 décembre 2011

Mes voeux pour 2012

Voilà, 2011 s'achève et ceci sera certainement le dernier article pour une année qui aura vu la Crise se creuser, les plans de secours échouer, la solidarité européenne se faire désirer, et d'un point de vue plus personnel, un déménagement en Finlande où ma perception de l'Union continue de s'affiner. Entre les six mois en Grèce en 2010 et les désormais sept mois en Finlande en 2011, j'ai pu observer les différences, les regards croisés, les évolutions de mentalités, et bien que ce soit fort intéressant, c'est également un peu effrayant parfois. Je ne reviendrais pas longuement sur les vestes qui se retournent ça et là, les reproches vaseux et hypocrites et l'opportunisme populiste qui flotte dans l'air comme le fumet nauséabond d'un chiotte d'autoroute. J'en ai assez tartiné précédemment. Pourtant, durant ces derniers mois, mes déboires en Finlande m'ont parfois donné envie de me taper la tête contre les murs, pestant que l'UE, ça ne marche pas et ça ne sert à rien. Les nuits sans sommeil entre deux démarches, exténué, sur les rotules, avec l'envie grandissante d'envoyer tout balader en poussant un grand cri. Bien sûr, ça sert à rien, mais ça soulage. Et je comprends que partout en Europe, à une toute autre échelle, les gens en aient marre et, comme moi, voudraient juste envoyer tout promener en hurlant. Certains ont commencé à le faire, d'ailleurs, ou du moins tenté. D'autre ont simulé pour le plaisir de casser. D'autres le font encore seulement par le verbe, et pas encore la barre à mine. Mais le mécontentement est là, palpable, nourri par la frustration et un cynisme de bon ton aujourd'hui.

L'Europe ne nous apporte pas ce qu'on attend d'elle, nous dit-on, et c'est pourquoi les gens la rejette. Très bien, mais sait-on vraiment ce qu'"on" attend d'elle ? Qui est "on" ? (Mon ancienne chef de l'UDS vous dirait ""On" est un con") Ou plutôt qui sont "on", et veulent-ils tous la même chose ?

Il faut avant tout se rappeler une bonne chose : L'Europe est un projet à long terme. Si "on" veut de l'immédiat clinquant et bling bling deux mois après quelques grandes phrases, "on" est bel et bien un con. Construire une union de cette envergure ça ne se fait pas en claquant des doigts, l'argent, n'en déplaise à certains, ne tombe pas du ciel ni des arbres, même quand on les bichonne en arrêtant le nucléaire, et surtout, nous ne sommes pas seuls sur cette planète. Le problème des débats sur l'Europe c'est qu'ils ne sont guère des débats européens. Ce sont des débats nationaux, orchestrés par des politiciens nationaux qui ont un échéancier national en tête ( chez nous il dure cinq ans ). Des débats menés et alimentés par des gens dont l'objectif premier est de réussir intra-muros, et pour qui Bruxelles, entité anonyme mais néanmoins tentaculaire et vorace, peut être blâmé pour tous les vices. Est-ce que ces gens là sont "on" ?

Les gens comme vous et moi, qu'attendent-ils de l'Europe ? Qui peut me le dire ? Union politique et/ou économique ? Avec un lien culturel et géographique ou pas ? Pour voyager, s'installer, ou bien simplement commercer ? Centralisé ou régionalisé ?

L'Europe, dit-on, ne s'intéresse pas aux gens. Sans vouloir raconter ma vie, mon expérience en Service Volontaire Européen m'a prouvé le contraire. N'importe quel jeune d'Europe peut partir travailler dans un projet dans une autre pays de l'UE aux frais de la Commission, apprendre une nouvelle langue sur place en apprenant à connaître les locaux, leur culture, leur mentalité, se faire des contacts, puis voyager chez ses ex co-volontaires. Je vois ça concrètement, et moi-même, j'ai suivie l'une de ces volontaires dans son pays natal. Mais bien souvent, le SVE, peu ou prou connaissent. Et il y a une palanquée d'autres programmes pour travailler ou étudier, et pas seulement le célèbre Erasmus, et pas seulement pour les jeunes. Qu'on arrête avec la théorie du désintérêt de l'Europe pour les gens, c'est au gens de s'intéresser un peu. Là encore, l'habitude d'ouvrir la bouche en attendant la cuiller serait peut-être à mettre sur la liste des choses à perdre pour 2012 en cette période de bonnes résolutions. Car oui, l'Europe est là, autour de nous, elle finances des projets, aide des entreprises, fais voyager des jeunes, leur offre des opportunités d'études et d'emploi. L'ouverture des frontières rend les choses bien plus simples qu'une génération auparavant, et comme dit le proverbe, l'avenir sourit aux audacieux. Il faut juste se lancer, tenter, oser. S'intéresser. Est-ce que "on" est prêt à faire cet effort ? Je demanderais même, est-ce que "on" en a vraiment envie ?

Croire que tout vient tout de suite en brillant de mille feu est au mieux candide, mais surtout idiot. Rome ne s'est pas faite en un jour, et si "on" croit qu'une recette miracle existe mais que la vilenie de l'UE l'en empêche - l'Europe pourrait mais ne veut pas ou bien Mon Pays peut mais l'Europe ne veut pas - se bercent de douces illusions, pourtant se sont souvent les mêmes qui prétendent que nos politiciens n'ont rien à nous offrir et qu'ils sont tous les mêmes ( Oui, avouez, ce sont les fêtes de fin d'année donc je SAIS que chacun d'entre nous a entendu ce refrain au moins une fois à sa table durant la semaine ). Tout le monde aime jouer les cyniques mais attend toujours des résultats immédiats, sinon ça veut dire que ça marche pas, mon bon monsieur, je vous l'avais bien dit ! Et bien non. Personnellement, ce sont quand les résultats sont trop bons trop vite que j'ai tendance à me méfier. Ou quand on me le promet.

tou(te)s en cette fin d'année :

En 2012, sortez-vous les doigts du cul.
Et servez-vous en pour voter.




Et pour finir néanmoins sur une touche plus subtile, quelques mots de réconforts plus courtois :

"L'Europe ne se fera pas en un jour, ni sans heurts. Son édification suivra le cheminement des esprits. Rien de plus durable ne s'accomplit dans la facilité." Robert Schuman


(Comme vous le rappelle cette plaque, d'ailleurs)

Aucun commentaire: