dimanche 26 octobre 2008

De la pluie dans Carnet de Guerre ( ou pourquoi j'aime les saisons au temps pourri )

Ceux qui ont commencé à lire Carnet de Guerre se sont peut-être rendus compte qu'en Europe, le temps est toujours très gris, très humide, très orageux, très pluvieux. Alors on peut se dire que c'est parce que PaxEU est un texte de dépressif défaitiste pessimiste OU BIEN on peut tenter d'analyser la fonction pluvieuse dans le texte. Et dans les deux cas, on aura raison ! Je m'explique.

Bon, d'entrée de jeu : effectivement, le ton des textes n'est pas aux petits ballons, aux rosiers en fleur et aux petits anges tout nus. Mais est-ce la seule motivation pour infliger à l'Europe un temps pourri ? Pas vraiment, même si ça aide à installer l'ambiance Etats Unis d'Europe glissant lentement dans un modèle militariste et policier. Pour ceux qui en douteraient, même si je suis partisan d'une Europe fédérale ( sans blague ? ) je ne l'imagine ABSOLUMENT pas telle que je l'ai décrite. Les EUE originels ont été détournés lentement par l'Histoire et les intrigues, et le temps est un outil très pratique pour souligner des évènements importants. On remarquera que le jour de la Fédération Européenne se fait par un mois de décembre chaud et ensoleillé ( alors que ce jour là, j'étais réellement à Strasbourg et il faisait plutôt frais avec quelques nuages ). Les tests de la technologie Furie, l'assassinat de Trovich, sont sous le déluge.

Alors beau temps = bon moment et mauvais temps = moment triste/tragique/dangereux (rayez la mention inutile) ? Pas exactement La pluie ne souligne pas grand chose car elle est quasiment omniprésente. Le soleil, lui, se fait rare. Quand il brille, j'insiste sur un détail, et pas forcément joyeux. Dans Furies, le soleil met en relief la première Furie que voient "pour de vrai" nos héros ( jeu de reflet qui attire leur regard ), il sacralise la scène de la place de Lviv à l'aube du deuxième jour des combats, chapitre dans lequel les personnages principaux commencent à suivre un destin propre, il souligne la trêve devant la Montagne et l'instant arrêté où finir la guerre par la diplomatie est encore possible.


Si la pluie ne souligne pas des masses, l'orage, lui, est le pendant opposé. Dans Euronet, alors que la paix relative et ennuyeuse règne à Tirana, la chaleur étouffante pousse tout le monde à souhaiter un orage. Quelques pages plus tard, la guerre est relancé sur le front Arabe part une grosse bataille bien sanglante... et l'orage éclate. De même quand Erwin et ses amis affrontent une ultime fois l'Archange dans le camp de blessé, l'endroit est littéralement plongé sous les eaux bouillonnantes d'une crue, sous un orage déchaîné et une pluie d'enfer. En l'occurrence, cette séquence n'est absolument pas héroïque, car pour l'Archange comme pour les autres, la lutte n'est qu'une question de vengeance.

Cette volonté d'accentuer des événements se mêle à l'aspect "ambiance" et me permet de rester cohérent dans mon univers avec un artifice météorologique, sans aller jusqu'à l'icônisation (contrairement à la scène du duel final sous une pluie torrentielle dans Matrix Revolutions, par exemple).

Cependant, il y a une autre raison de l'omniprésence du temps de merde - appelons un chat un chat - dans Pax Europae : le contexte d'écriture. En effet, mes fulgurances narratrices se sont toujours déroulées par temps de pluie ! La pluie, ça m'inspire, le vent qui se lève, l'humidité dans l'air, les arbres qui murmurent et le clapotis des gouttes sur la vitre, c'est une source inépuisable d'ambiance et d'inspiration venue d'ailleurs. Je vous parlais des ces idées presque miraculeuses qui rendaient tout plus cohérent qu'avant en étoffant l'univers, et bien 85% des cas, ces idées me sont venues par temps de pluie ou d'orage. Cela causait un problème majeur :

On écrit des tonnes géniales, on oublie de sauvegarder, et avec l'orage, ben oui... la fatale coupure de courant qui m'a fait perdre plusieurs dizaines de pages depuis le temps... Mais je commence à m'y faire à la sauvegarde toutes les trois lignes. ^^

Et sinon, l'excuse narratrice du mauvais temps reste : changement climatique. En ça, je ne me tromperai sûrement pas tant que ça quand je vois le temps pourri qu'on a eu cette année. Si ça se trouve, je serai peut-être aussi précis que météo-france, qui sait ?


PS : vous comprenez pourquoi dans la Radio de Guerre j'ai utilisé une piste musicale soutenue par le bruit de la pluie qui, à sa façon, est un véritable thème de Carnet de Guerre.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Très intéressant et assez inattendu, en fait, cette utilisation de la météo. C'est bien plus original que d'utiliser le temps comme support de manière conventielle : pluie = moment triste et soleil = you-piii!
C'est la preuve d'une vraie recherche d'ambiances, instinctive ou volontaire.
Puis, point de détail, j'ai eu un sourire vers la fin quand, galavanisé par un bel orage, toute ta prose se retrouvait perdue par la faute du vecteur même de ton inspiration! C'est ce que j'appelle un gag de haut vol.
Très bon articles en tout cas. passionnants à lire.

Anonyme a dit…

Ayé, pouf, dans mes favoris...