lundi 29 juillet 2019

Europæ FM #1

J'avais déjà posté quelques articles il y a longtemps sur la musique dans Pax Europæ, mais ayant commencé une petite série de vignettes sur Facebook, reprenant chaque mention de musique dans les textes, je pense que ça vaut le coup de les partager ici. Je vais les regrouper un peu, mais ne changerait pas trop le contenu. Commençons !

Les hymnes nationaux :

Dans le tome 1, on évoque souvent le fait que de la musique soit jouée dans le fond, mais seulement deux mélodies sont nommées, deux hymnes. La neuvième symphonie de Beethoven "Ôde à la joie" (qui est évidemment l'hymne des Etats-Unis d'Europe), et "Hej Sloveni".

Hej Sloveni (Hé, les Slaves !)

Le poème écrit par le Tchèque Samuel Tomášik en 1834 (initialement Hej, Slováci) puis mis en musique pour devenir un véritable hymne pan-slave. Cet hymne a été officiellement utilisé par la Yougoslavie et la Serbie-Monténégro dans la "vraie vie", et fictivement par la Principauté de Slavie. L'histoire et les paroles ultra-patriotiques de ce texte, ainsi que sa charge symbolique au sein du mouvement pan-slave bien réel, en faisait l'hymne idéal pour la Slavie de Pax Europæ, qui se veut le retour en force de tous les Slaves (en opposition aux Russes qui écraseraient les autres Slaves de leur hégémonie sous couvert de "protection"). Le contexte d'écriture est celui d'un poète Tchèque trouvant qu'on parle un peu trop Allemand à Prague et que la culture slave est étouffée par les cultures étrangères (notamment germaniques hein, je ne vous fais pas un dessin), et qu'il faut donc s'unir pour ne pas périr, et surtout ne pas plier et collaborer : "maudit soit le traître à sa patrie !" conclue le poème. Ce texte fort et agressif (on est dans la lutte et la confrontation, pas l'admiration des beautés de la patrie comme dans d'autres hymnes) est d'ailleurs évoqué plusieurs fois entre les tomes 2 et 5, et son sens au sein du cycle s'en trouve encore renforcé. Bon, après, ça reste un hymne national(iste), et musicalement c'est pas forcément le tube de l'été, mais ça permet de démarrer ! Et en plus, si tout le monde entend Beethoven dans sa tête quand je dis "et là l'hymne européen est joué sur l'estrade", je suis sûr que peu de mes lecteurs entendent quoi que ce soit lorsque j'écris "Hej Sloveni". Et je ne peux pas leur en vouloir !


L'Ôde à la Joie. 

En soit, je pense que la vidéo est inutile, vous connaissez tous cette mélodie. Mais je me suis dis que que tant qu'à faire, pourquoi ne pas glisser quelques trivias sur cette symphonie devenue hymne européen ? 

Déjà, il faut savoir que l'Ôde à la Joie n'est qu'un segment de la 9è Symphonie de Beethoven, où le compositeur met en musique un poème de son compatriote Friedrich Schiller, publié pour la première fois en 1786, et qui est un hymne à la paix et la fraternité entre les Hommes. Il n'est d'ailleurs pas le premier puisque Schubert l'avait fait avant lui. Néanmoins, malgré la célébrité légitime dont jouissent Schubert et Schiller lui-même, l'Ôde à la Joie restera dans les mémoires internationales sous la forme que lui donna Beethoven en 1824. Pour rappel, l'Allemagne moderne n'existait pas encore en tant qu'État. 

Avance rapide, un peu plus d'un siècle plus tard. Entre temps, deux Allemagnes se sont élevées pour chuter dans deux guerres catastrophiques. Tandis que l'Europe panse ses nombreuses plaies après la Seconde Guerre mondiale, l'Allemagne de l'Ouest, troisième itération en devenir d'un État allemand moderne, n'a pas encore d'hymne national. Qu'à cela ne tienne, on joue l'Ôde à la Joie de Beethoven en guise d'hymne temporaire, jusqu'en 1952. 

Trois ans plus tard, en 1955, le fondateur du mouvement Paneuropa, l'austro-japonnais Richard Coudenhove-Kalergi, propose l'Ôde à la Joie comme hymne européen (une idée qu'il envisageait déjà fin des années 20). Il faudra cependant attendre 1972 pour que le Conseil de l'Europe adopte cette mélodie comme hymne officiel, puis l'Union Européenne en 1985 (même si les textes sont assez lâches sur le degré d'officialité de l'hymne et sa fonction pour les État membres). Le segment utilisé officiellement par ces deux institutions européennes a été adapté par Herbert von Karajan, un chef d'orchestre autrichien de renom que ses sympathies nazies et son patronage par Goebbels n'auront pas trop entravé dans sa carrière post-guerre, grâce à une prompte dénazification. Il a donc arrangé la mélodies en trois versions : pour piano, pour instruments à vent, pour orchestre symphonique. La version officielle ne comporte pas le texte de Schiller - surtout pas en allemand - afin de représenter tous les membres et ne pas donner l'impression d'une prise de contrôle allemande, a fortiori après la Seconde Guerre mondiale. Pourquoi charger un ancien nazi, si talentueux soit-il, d'adapter ce morceau dans ce but précis, m'échappe complètement. Mais on sait tout le bien que je pense des choix des institutions européennes en matière de symboles et d'image. Des versions alternatives ont bien été proposées pour "représenter tout le monde", comme le latin, le grec ancien ou l'espéranto, sans succès. 

Pour les États-Unis d'Europe de Pax Europæ, reprendre l'Ôde à la Joie était une évidence. Toutefois, comme la fédération s'est dotée d'une langue commune, sorte d'anglais bâtard et simplifié mélangé à des mots de nombreuses langages européennes, il était possible de remettre du texte sur cet hymne, et de le chanter. L'hymne est mentionné souvent dans les romans, présents dans de nombreuses scènes, mais ma préférée reste lorsque, dans des circonstances du tome 3 que je garde floues pour éviter les spoilers, quelqu'un diffuse un CD de la symphonie de Beethoven - chantée en allemand, donc - et que les soldats européens présents chantent par-dessus. En européos. Contrairement à notre réalité, on constate que cet hymne est complètement devenu l'hymne européen dans l'esprit des citoyens de la fédération. La 9è c'est leur hymne, leur hymne, c'est la 9è. 

Pour des raisons que je ne pense pas nécessaires d'élaborer ici, il n'existe pas (encore ?) d'enregistrement de cet hymne en européos, mais qui sait ? Après tout, il suffirait de mettre la main sur une chorale et un bon microphone. En attendant, il faudra vous contenter de ceci :


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