Voilà, après plusieurs mois de travail, la webrevue Mots et Légendes deuxième du nom est sortie. Je vous invite avant tout d'aller télécharger le webzine en question ici ==> http://lesmotsreveurs.com/
Ma nouvelle "L'Horloge indique Minuit" a été choisie pour clôturer la revue, j'en suis très flatté. Je vais m'étendre un peu plus que sur ma présentation sur le PDF. Dans cette courte présentation, j'y évoquais le fait que ce texte est très particulier, et très personnel. Dans Carnet de Guerre je réfléchis sur des thèmes qui me sont chers, je mets sur papier des idées qui me trottent dans la tête, mais cette fois c'est différent.
Mon rapport avec les armes de destructions massives, et plutôt nucléaires que biologiques, a toujours été ambigu. Je suis fasciné par leur impact, que ce soit physique ou psychologique. Pourtant, j'ai eu quelques lectures qui m'ont souvent surpris, abattant certains clichés sur la guerre nucléaire, les déformations, les exagérations... De fait j'ai une forte attirance pour les Nuke, pour des raisons évoquées dans ma nouvelle. La plus importante à mes yeux c'est l'image de l'humain que nous renvoient les champignons s'élevant dans le ciel. Certains psychologues y voient un signe phallique, comme si les hommes tentaient de rattraper un complexe. Personnellement je le vois plutôt comme la matérialisation physique des pulsions les plus viles, mais aussi les plus primaires.
Le pouvoir de destruction de soi-même m'éblouit à chaque fois que je vois un champignon rougeoyant. Peu importe finalement que la guerre nucléaire éclate ou pas, le seul fait de concevoir des bombes de 57 mégatonnes comme Tsar Bomba est un signe clair sur ce que nous avons au plus profondément de soi. Certains cherchent l'adrénaline dans des sports extrêmes, d'autres en astiquant leurs ogives ( rien de phallique ici, hein, laissez Freud où il est ^^ ). La seule présence de ces nukes un peu partout - ou pas - entretien le fait que c'est possible. Moi, dans mon raisonnement je dirai également, c'est possible.
Mais je suis persuadé qu'une guerre nucléaire n'est pas la fin du monde. Juste du monde tel que nous le concevons aujourd'hui.
Prendre conscience des statistiques crédibles et d'un simple coup d'oeil sur les sites stratégique, le nombre de camps équipés, des grands mouvements du vent pour calculer où la poussière radioactive (le fameux Fallout) se déposera, le nombres d'êtres humains sur la planète et les lieux qu'ils occupent, tout cela aboutit à une constatation, un échange costaud ne suffirait pas à exterminer la race humaine. A moins que tout le monde se mettent d'accord là-dessus, et encore, il est peu plausible que nous y parvenions.
Après, évidemment, le monde serait en partie ravagé, pollué par les radiations, etc. Ce serait la rupture avec ce monde que nous croyons acquis, notre train de vie, notre structure sociale... Ce serait le retour pour les pays touchés d'une agriculture médiévale ( plus de véhicules, pas assez de réserves d'essence. Ce serait un renversement de situation géopolitique, car les zones densément peuplés mais pauvres comme en Chine, par exemple seraient moins exposés, de même en Afrique : un grand continent avec peu de densité de population, ou en Amérique du Sud. Des pays moins touchés, prompts à se développer et changer la donne économique ( lorsqu'un système économique aura été repensé après la guerre).
Alors pourquoi cette nouvelle, si la chose ne m'inquiète pas au point de devenir fou ? Parce que j'ai ressenti cette peur, ce sentiment d'inéluctabilité, d'impuissance face à une menace qui me dépasse. En me documentant sur le sujet, j'ai compris que, quand bien même nous en arriverions là, il y aurait une chance de survivre si l'on est bien préparé. La chose la plus difficile à accepter, c'est la rudesse de la vie nouvelle. Chacun pour soi et dieu pour tous. Et c'est cette possibilité de ramener les gens à leur réactions les plus naturelles qui me fascine encore plus aujourd'hui. L'idée de voir les gens sous leur vrai visage puisque l'establishment se sera évanoui en fumée. Le moyen de voir qui est vraiment qui quand la situation nécessite de passer outre les bonnes manières et la politesse, plus de raison de continuer des relations stériles avec le reste du monde quand vous pouvez sans vergogne les envoyer péter. Les gens qui vous entourent, êtes vous sûr de pouvoir compter sur eux quand la priorité sera la survie à tout prix ? Les gens avec qui vous passez du bon temps, êtes vous certains que le moment venu ils seront toujours avec vous sans arrière pensée ? Dans les ruines, affame, quand vos gencives saignent et que vous urinez du sang, pourrez-vous compter les uns sur les autres ?
Il m'arrive souvent de penser à ça. J'ose espérer que le moment venu je ne me sentirai pas aussi seul et abandonné que le personnage de ma nouvelle. Personne ne peut le savoir, et c'est ce qui rend cette perspective presque plus effrayante que la mort instantanée.
Aujourd'hui, ma fascination morbide pour les bombes nucléaires en est presque obsessionnelle. Je n'en suis pas encore à souhaiter que l'Horloge Indique Minuit. Mais je trouve l'idée intéressante.
1 commentaire:
je comprends mieux ta fascination par cette explication. Je ne la partage pas... bien que nous devions être conscients de cette épée de Damoclès sous-tendue par le "si vis pacem, para bellum" qui me semble si paradoxal. Ainsi on s'offusque que l'Iran veuille développer l'arme "totale" ou disposer du pouvoir nucléaire, tandis que nous en disposons librement contre une petite signature signifiant qu'on fera attention. Mais comme tu le dis, si ça venait à exploser d'un côté, qui se retiendrait ? et qui sommes-nous pour juger que tel pays a ou n'a pas le droit de disposer d'une puissance énergétique/et potentiellement destructrice dont nous abusons sans cesse (en tant qu'énergie) ?
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