Hambourg.
Lorsque Hambourg s’était vue gratifiée d’une Caserne d’Unités d’Assaut, les locaux déjà existants avaient été réaménagés, agrandis, tout comme l’avait été le terrain d’exercice. Le parcours d’entraînement journalier fut rallongé par de nouveaux obstacles plus spécifiques aux missions de ces unités, et de nouveaux terrains avaient été aménagés : Un faux quartier urbain et une zone d’exercice à l’embarquement. C’était justement ici, sous une pluie fine, que la compagnie d’Erwin et ses camarades s’entraînaient sur un hélicoptère tanker à double rotor dont les pâles bourdonnaient réellement.
-Compagnie, à mon commandement !
Le Sergent-chef Miguel donnait de toute sa voix pour impressionner son homologue américain qui considérait l’exercice d’un œil attentif. Miguel les avait bien entraîné jusqu’ici, là n’était pas le problème, mais devant cet observateur étranger il se sentait obliger d’incarner le formateur parfait. Et sans vouloir être méchant, Cyril Théodore n’y croyait pas une seule seconde. Le sergent-chef tenait ostensiblement son chrono-bracelet devant ses yeux.
-Embarquement !
Les soldats de l’Eurocorps bondirent en bon ordre et prirent place dans l’appareil à une vitesse impressionnante et sans accroc. C’était un exercice courant, sans doute raison pour laquelle ils le pratiquaient devant l’Américain. Tout le monde boucla son harnais comme un seul homme, répétant ce geste mille fois effectué.
-Je vais vomir, souffla Cyril en se tournant vers Erwin. Le bruit de l’hélico me donne la nausée.
-Redresse ton arme, lui intima-t-il doucement. Bien droite, vers le haut.
-Tu voudrais pas tuer quelqu’un, hein, ricana Balder avec un sourire.
-Paniques-pas, Cyril, intervint Grégory, ce n’est qu’un exercice…
-Oui, mais c’est le huitième en trois jours…Entraînement intensif en plein état d’alerte ? On pourra dire ce qu’on voudra, ils nous préparent à partir… Il y a bien une mission de prévue.
-Je ne pense pas, répondit Erwin en regardant discrètement son chrono-bracelet.
-Dis plutôt que tu n’espères pas.
En réalité, Erwin savait pour avoir entendu des conversations par indiscrétion que quelque chose de gros était en cours. Mais il préférait conserver le moral de sa chambrée.
-C’est vrai.
Le gradé américain échangea quelque mot avec Miguel, devant l’accès à la soute du tanker. Il avait des traits durs, taillés à la serpe. Ses yeux scrutateurs n’inspiraient aucune confiance.
-Pourquoi il est là, d’après vous ? demanda Cyril comme pour tromper son mal de ventre.
-Il vient prendre de la graine, ricana Balder en affichant un rictus supérieur.
Greg, tout à son habitude, trouva le moyen de dramatiser l’événement :
-Où il vient pour pouvoir coordonner une attaque massive et…
-Non, je ne pense pas, rétorqua Erwin pour ne pas les alarmer outre mesure. Les Américains veulent vérifier qu’ils se sont bien rangés du côté des plus forts…
Voilà une phrase qui n’était pas pour lui plaire, mais devant l’angoisse latente de ses camarades il fallait faire des choix. La psychologie avant tout.
-Ils viennent peut-être apprendre à faire la guerre moderne, insista Balder. Vu la branlée qu’ils ont pris au Millenium Crash.
Sa remarque fit rire plusieurs soldats autour d’eux.
-Je doute que l’Europe aurait eu plus de succès dans la guerre au Moyen Orient, répliqua Greg. Surtout pas à l’époque.
Son ami décida de l’ignorer purement et simplement et soupira avec satisfaction.
-On a quand même de la chance de ne pas être né ailleurs…
-Hum, remarqua Erwin. Faudrait qu’on ait une petite conversation toi et moi.
-Je plaisantais… T’es pas d’accord pour les amerloques ? Ils étaient super arrogants avant le Krach… est-ce qu’on était comme ça, nous ?
-Oh non, railla Erwin, loin de nous cette idée…
Le sergent-chef passa la tête dans l’ouverture et jeta un regard sur la troupe harnachée, sans casque, mais avec le fusil mitrailleur et le matériel de survie. Il regarda son chrono et approuva du chef, avec un air certain et satisfait, puis redescendit de l’appareil pour se planter sur la piste.
-OK, c’est terminé. Tout le monde sort. C’est mieux que la dernière fois. Vous pouvez retourner à vos chambrées. Ce soir, 21 heures, inspection des armoires et des lits. Je vous rappelle quand même qu’on est en état d’alerte. Pas de console de jeu au foyer, ce soir.
Il y eut des ronchonnements et même quelques huées.
-Allez-y, plaignez-vous. Quand j’étais troufion, comme vous, notre seul amusement c’était des vieux DVD et la Playstation X-t ! Alors estimez-vous heureux.
-Il nous joue le vieux de la vieille, le sergent Miguel, murmura Cyril entre ses dents.
Les groupes se dispersèrent. La pluie commençait à tomber plus drue. Erwin marcha vers le gradé américain, l’air de rien, et lui dit en passant :
-Comment trouvez-vous les troupes de l’Eurocorps ?
L’homme le fixa intensément sans parvenir à cacher un certain malaise.
-Je vous ai vu sur le parcours… Il faut reconnaître que vous avez de la technique.
-Disposez, Helm ! intervint Miguel en bombant le torse.
Les quatre amis saluèrent leur instructeur avec un sourire à peine dissimulé et se dirigèrent rapidement à l’abri.-Miguel, se mit à rire le jeune blond soulagé de quitter le terrain d’exercice. Ah, Miguel…
Lorsque Hambourg s’était vue gratifiée d’une Caserne d’Unités d’Assaut, les locaux déjà existants avaient été réaménagés, agrandis, tout comme l’avait été le terrain d’exercice. Le parcours d’entraînement journalier fut rallongé par de nouveaux obstacles plus spécifiques aux missions de ces unités, et de nouveaux terrains avaient été aménagés : Un faux quartier urbain et une zone d’exercice à l’embarquement. C’était justement ici, sous une pluie fine, que la compagnie d’Erwin et ses camarades s’entraînaient sur un hélicoptère tanker à double rotor dont les pâles bourdonnaient réellement.
-Compagnie, à mon commandement !
Le Sergent-chef Miguel donnait de toute sa voix pour impressionner son homologue américain qui considérait l’exercice d’un œil attentif. Miguel les avait bien entraîné jusqu’ici, là n’était pas le problème, mais devant cet observateur étranger il se sentait obliger d’incarner le formateur parfait. Et sans vouloir être méchant, Cyril Théodore n’y croyait pas une seule seconde. Le sergent-chef tenait ostensiblement son chrono-bracelet devant ses yeux.
-Embarquement !
Les soldats de l’Eurocorps bondirent en bon ordre et prirent place dans l’appareil à une vitesse impressionnante et sans accroc. C’était un exercice courant, sans doute raison pour laquelle ils le pratiquaient devant l’Américain. Tout le monde boucla son harnais comme un seul homme, répétant ce geste mille fois effectué.
-Je vais vomir, souffla Cyril en se tournant vers Erwin. Le bruit de l’hélico me donne la nausée.
-Redresse ton arme, lui intima-t-il doucement. Bien droite, vers le haut.
-Tu voudrais pas tuer quelqu’un, hein, ricana Balder avec un sourire.
-Paniques-pas, Cyril, intervint Grégory, ce n’est qu’un exercice…
-Oui, mais c’est le huitième en trois jours…Entraînement intensif en plein état d’alerte ? On pourra dire ce qu’on voudra, ils nous préparent à partir… Il y a bien une mission de prévue.
-Je ne pense pas, répondit Erwin en regardant discrètement son chrono-bracelet.
-Dis plutôt que tu n’espères pas.
En réalité, Erwin savait pour avoir entendu des conversations par indiscrétion que quelque chose de gros était en cours. Mais il préférait conserver le moral de sa chambrée.
-C’est vrai.
Le gradé américain échangea quelque mot avec Miguel, devant l’accès à la soute du tanker. Il avait des traits durs, taillés à la serpe. Ses yeux scrutateurs n’inspiraient aucune confiance.
-Pourquoi il est là, d’après vous ? demanda Cyril comme pour tromper son mal de ventre.
-Il vient prendre de la graine, ricana Balder en affichant un rictus supérieur.
Greg, tout à son habitude, trouva le moyen de dramatiser l’événement :
-Où il vient pour pouvoir coordonner une attaque massive et…
-Non, je ne pense pas, rétorqua Erwin pour ne pas les alarmer outre mesure. Les Américains veulent vérifier qu’ils se sont bien rangés du côté des plus forts…
Voilà une phrase qui n’était pas pour lui plaire, mais devant l’angoisse latente de ses camarades il fallait faire des choix. La psychologie avant tout.
-Ils viennent peut-être apprendre à faire la guerre moderne, insista Balder. Vu la branlée qu’ils ont pris au Millenium Crash.
Sa remarque fit rire plusieurs soldats autour d’eux.
-Je doute que l’Europe aurait eu plus de succès dans la guerre au Moyen Orient, répliqua Greg. Surtout pas à l’époque.
Son ami décida de l’ignorer purement et simplement et soupira avec satisfaction.
-On a quand même de la chance de ne pas être né ailleurs…
-Hum, remarqua Erwin. Faudrait qu’on ait une petite conversation toi et moi.
-Je plaisantais… T’es pas d’accord pour les amerloques ? Ils étaient super arrogants avant le Krach… est-ce qu’on était comme ça, nous ?
-Oh non, railla Erwin, loin de nous cette idée…
Le sergent-chef passa la tête dans l’ouverture et jeta un regard sur la troupe harnachée, sans casque, mais avec le fusil mitrailleur et le matériel de survie. Il regarda son chrono et approuva du chef, avec un air certain et satisfait, puis redescendit de l’appareil pour se planter sur la piste.
-OK, c’est terminé. Tout le monde sort. C’est mieux que la dernière fois. Vous pouvez retourner à vos chambrées. Ce soir, 21 heures, inspection des armoires et des lits. Je vous rappelle quand même qu’on est en état d’alerte. Pas de console de jeu au foyer, ce soir.
Il y eut des ronchonnements et même quelques huées.
-Allez-y, plaignez-vous. Quand j’étais troufion, comme vous, notre seul amusement c’était des vieux DVD et la Playstation X-t ! Alors estimez-vous heureux.
-Il nous joue le vieux de la vieille, le sergent Miguel, murmura Cyril entre ses dents.
Les groupes se dispersèrent. La pluie commençait à tomber plus drue. Erwin marcha vers le gradé américain, l’air de rien, et lui dit en passant :
-Comment trouvez-vous les troupes de l’Eurocorps ?
L’homme le fixa intensément sans parvenir à cacher un certain malaise.
-Je vous ai vu sur le parcours… Il faut reconnaître que vous avez de la technique.
-Disposez, Helm ! intervint Miguel en bombant le torse.
Les quatre amis saluèrent leur instructeur avec un sourire à peine dissimulé et se dirigèrent rapidement à l’abri.-Miguel, se mit à rire le jeune blond soulagé de quitter le terrain d’exercice. Ah, Miguel…
PS : Il reste encore un peu de temps pour aller voter, c'est important !
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